Dans le cadre du Printemps des poètes, nous avons accueilli Liliane Giraudon, une poète marseillaise.
« C’est quoi un poème ? », nous a-t-elle demandé. Elle a évoqué des grands poètes du monde entier, l’Espagnol Federico García Lorca, le Palestinien Mahmoud Darwich, « connu dans tout le monde arabe », le Marocain Abdellatif Laâbi…
«N’oubliez jamais votre langue maternelle, c’est un trésor. Les poètes sont importants.C’est la mémoire des anciens, la mémoire de la langue, comme un bijou. Oui, apprenez vite, le français, mais n’oubliez pas votre langue ! », a insisté Liliane.
La poésie, ce n’est pas uniquement des rimes ou de la musique.Elle permet de narrer plein de choses, de différentes manières. « En Afrique par exemple, la musique et la poésie sont indissociables. Les griots chantent leurs poèmes. La poésie joue beaucoup sur le lecteur. Chacun en lisant un poème le refait, le comprend à sa manière. »
Liliane nous a ensuite fait écouter et regarder un cinépoème qu’elle a réalisé à Marseille, avec très peu de moyens. « Cet été-là, il s’est passé quelque chose. Au bord de la mer, il y a une petite plage où viennent les gens des quartiers pauvres. Au-dessus, il y avait les toilettes des riches qui étaient cassés. Les excréments tombaient sur la plage des pauvres qui a été interdite d’accès. Beaucoup se sont révoltés. » C’est le point de départ du poème Si Marseille est un étron. En images, des jeunes gens ont traduit les sons des mots avec le corps, en be-bop, « tous les bruits viennent du corps et de la bouche ». « Cela a été fait sans argent ! Ce poème montre comment un poème peut être lu et joué par chacun, par tout le monde. À partir d’aujourd’hui, vous pouvez écrire ou filmer des poèmes ! », a-t-elle invité.
Puis, chacun d’entre nous a enregistré ce qui est déjà un poème : mon prénom, mon nom et ce que j’aime, dans ma langue maternelle. Concentration, diction, et petit conseil, face au trac, « il faut apprendre le silence, qui est très important en poésie »
Dans toutes les langues
La semaine suivant la venue de Liliane Giraudon, nous avons fait des recherches sur internet. Chacun d’entre nous devait trouver un poème d’un auteur de notre langue maternelle, le lire aux camarades dans sa langue originelle, et raconter en français ce qu’il évoque.Samira a partagé un texte de Pouchkine ; Boubou le poème Le fait d’être Soninke, de Malamine Diabira, Aijine et Dejine un poème contemporain du Kurde Abdulla Pashew qui s’appelle Trésor ; Layla et Amina ont choisi La luna d’Alicia Rivas…
Les mots ont résonné dans toutes les langues cet après-midi-là.