Branle-bas de combat, pour Carla Dussaux et ses collègues ! Récit.
“C’était en pleines vacances scolaires. J’ai pu contacter Maria par Facebook et Oumaima [qui font partie de l’atelier média du lundi] par téléphone leur demandant (sans leur expliquer pourquoi) si elles pouvaient venir ce jour-là. Le jour J, on avait tout débarrassé dans le centre. Dans le hall, il n’y avait que des affiches sur le media lab, les Arts au coin de ma rue et les jardins partagés. Quand Maria et Oumaima sont arrivées, elles n’ont pas reconnu les lieux ! Je leur ai alors annoncé que nous devions présenter notre journal à un ministre. Maria s’est décomposée. Elle a très bien compris : “Il y a le président, le Premier ministre puis les ministres…” Oumaima a dit : “Non, non, ce n’est pas vrai…” J’avais préparé un texte pour expliquer ce qu’on faisait. Avec Houria, on a fait répéter les deux filles pendant une demi-heure. Je me suis mise dans la peau de Patrick Kanner. “Comment tu t’appelles? D’où viens-tu?”…
L’attente, avant son arrivée, a été le moment le plus stressant. Patrick Kanner est finalement arrivé en avance. Dans la grande salle, il y avait les femmes qui allaient présenter leur journal d’un côté, les ados avec leur caméra pour filmer l’événement, et nous dans un coin à côté d’une caméra. Et notre reportage sur le cirque imprimé en A3. Et, surprise, l’ordre a été inversé, après avoir discuté deux minutes avec une fille ayant fait un rapport sur le sport dans le quartier pour la DDCS(*), il est venu directement vers nous quatre. J’ai lu mon texte, lui précisant que j’avais préféré écrire de peur de perdre mes mots. Puis il a posé des questions à Maria et Oumaima. Quand Maria lui a dit qu’elle venait du Brésil, il a tout de suite rebondi: il avait l’air de bien connaître ce pays. Puis il a félicité les filles leur disant qu’elles parlaient bien français. Il est parti vers les femmes de la Croisette (journal du quartier), est revenu vers moi et Houria pour nous féliciter: “C’est vraiment formidable ce que vous faites.” Cela fait du bien d’être reconnues d’aussi haut. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu d’officiels. J’étais super fière pour Houria, pour moi, pour les filles qui étaient très heureuses. J’étais tellement contente. Ce sont des publics si souvent stigmatisés… Là, nous avons été reconnus. Ces enfants se donnent tant de mal…
Puis le ministre s’est dirigé vers les autres groupes. Les ados étaient super à l’aise. Là, je me suis empressée d’aller parler au monsieur attaché au protocole, que j’avais repéré, pour lui demander si nous pouvions faire une photo avec Patrick Kanner. On a une super photo!”