La voix des oiseaux

Un projet transdisciplinaire poétique axé autour de la maîtrise des médias.

Cette action a été réalisée entre 2016 et 2019.

Le XXIème siècle a vu l’avènement des médias. Réseaux sociaux, blogs, informations en continu… À l’ère numérique, les images et les mots ont investi nos vies quotidiennes et s’invitent dans nos espaces les plus intimes.

Les jeunes en sont les premiers utilisateurs, ils les déclinent sous toutes leurs formes, la plupart du temps de manière empirique, sans forcément avoir la distance vis à vis de cette profusion d’images ni en maitrisant les rouages inhérents à la production de ces dernières, ni en ayant les outils quant à leur sémiologie. La fracture numérique ne se situe pas tant dans la notion d’équipement informatique que dans celle de la conscience que l’on a vis-à-vis des manipulations possibles de l’image. 

En conséquence, de quelle manière appréhender l’espace médiatique avec les outils de la poésie ? Dans l’espace poétique, il s’est agi de passer de posture du consommateur à celle de l’acteur et par là-­‐même de comprendre les enjeux que l’univers médiatique sous-­‐tend par le biais de l’action.  Dès l’année 2016, la Voix des Oiseaux a entrainé une quarantaine de jeunes primo-arrivants entre 12 et 15 ans dans ce questionnement avec la complicité de Constance Colle, journaliste.  Au-delà des projets initialement réalisés, les objectifs de l’Antre Lieux ont coïncidé avec la nécessité de proposer des actions structurantes auprès de la jeunesse visant à appréhender l’environnement informationnel dans lequel ils évoluent. Direction le Centre social de la Croix des Oiseaux qui intervient depuis quelques années déjà dans ce domaine, en accueillant ces publics en collaboration avec le collège Roumanille où les jeunes sont scolarisés. Une fois par semaine avec Constance Colle, l’un des médiateurs de la structure a accompagné l’initiative.

Cette initiative a été organisée à l’image d’un média-lab, soit un espace collectif et physique qui met en synergie l’ensemble des techniques du numérique et animé par une équipe pluridisciplinaire comme l’implique le projet.

Si l’action est désormais achevée, le blog ci-dessous en jalonne les différentes étapes. 

Partant d’un territoire et des bribes du réel qui le compose l’action s’est efforcé d’interroger l’ailleurs pour le confronter à son propre quotidien afin de mieux en dessiner les perspectives. Nous sommes partis du constat « cela se passe de telle manière dans mon quartier, dans mon quotidien » pour parvenir à « j’aspire à… » et interroger par ce biais le désir. Cette initiative a notamment permis aux jeunes de nommer leurs rêves, de renouer avec la dimension de l’utopie dans ses aspects les plus féconds. 

Le Blog :
 
  • 24 janvier 2020
    Pablito Zago, à l’ESC Croix des Oiseaux début décembre. Il nous a notamment dévoilé le message qu’il partageait à travers l’oiseau qu’il dessine souvent.
    En ce premier trimestre, découvertes du street art et des bases de journalisme ont rythmé le programme. Nous avons eu la chance de recevoir le street artiste d’Avignon Pablito Zago qui a partagé sa “poésie” colorée sur des murs de nombreuses villes en France et à travers le monde. Il a répondu à toutes nos questions, sur ses passions, le dessin et les voyages, sur ses projets, et s’est même livré à quelques confidences.
    Une belle rencontre qui a aussi été l’occasion de s’initier à la prise de vue (photo et vidéo) après une explication sur les différentes échelles de plan et les réglages de base.
    A voir bientôt l’interview vidéo réalisée par les collégiens.

    Quand avez-vous commencé à dessiner ?
    J’ai commencé tout petit, plus jeune que vous. En CM2, je me rappelle avoir dessiné un poster pour l’association sportive de l’école.

    Avez-vous étudié pour devenir street artiste ?
    J’ai fait des études pour apprendre le dessin, pas le street art pour lequel il n’y a pas vraiment d’école. J’ai commencé à étudier l’histoire de l’art quand j’avais 14-15 ans. Puis, je suis allé dans une école de graphisme et de communication. Là-bas, ça a explosé dans ma tête, car je faisais ce qui me plaisait (photo, vidéo…). Les trois années sont passées très rapidement. Tous les soirs, je rentrais, je dessinais. Je ne sais faire que ça !

    Pourquoi avoir choisi le street-art ?
    J’ai toujours aimé peindre. A une époque, j’organisais un festival de musique électronique. On invitait de grands artistes du graffiti pour la décoration. Quand j’ai vu d’autres artistes peindre devant moi, j’ai essayé et n’ai jamais arrêté ! D’autre part, le métier que j’ai appris à l’école, graphiste designer, s’exerce dans un bureau, face à un ordinateur. Avec le street art, je suis dehors, je parle avec plein de gens. Et les gens qui ne vont pas dans des galeries d’art, qui n’ont pas d’argent, peuvent quand même voir de l’art tous les jours.

    Travaillez-vous seul ?
    Généralement, oui. Maintenant, je fais des murs de plus en plus grands. Je prends un assistant, souvent un copain. Un mur de 30 mètres de haut demande beaucoup de travail, dix jours à deux. Je viens d’avoir une commande pour un gymnase à Aix-en-Provence. On sera deux. J’ai l’avantage que mes formes soient
    faciles à réaliser. J’ai déjà fait des fresques avec des enfants, des adolescents…

    Dans combien de pays avez-vous travaillé ?
    Je ne fais pas la différence entre les vacances et le travail. Quand je pars en vacances, je me débrouille pour travailler ! Je viens de partir quinze jours en Espagne, pour mon anniversaire. Je suis allé acheter des bombes et ai peint sur des murs. Avant, je faisais beaucoup de collages, des grands collages. Un collage, je peux l’enlever en quelques secondes, ça disparaît avec la pluie et ça n’abime pas les murs. J’ai jamais trop fait de tag, ou de graffiti “vandale”. Je suis allé en Autriche, en Espagne, en Inde, en Birmanie, aux États-Unis… Je vais aller en Italie. J’ai travaillé dans certains pays parce qu’on m’y a invité. Pour d’autres, je suis parti visiter, et au fil de discussions, des projets sont nés.

    Faut-il des autorisations pour peindre dans la rue, sur les immeubles, sur les murs ?
    Oui, il faut l’autorisation du propriétaire. Dans la rue, dans les villes, il y a maintenant des endroits où cela est possible. Comme le parking des Italiens, ici à Avignon. Où, à force, la police et la Ville tolèrent.

    Justement, y a-t-il des règles tacites entre street artistes au parking des Italiens pour respecter un délai avant de recouvrir une œuvre par une autre ?
    Non ! Pendant longtemps, le monde du graffiti, cela a été une sorte de mafia. Il y a avait des règles, de ne pas recouvrir… Aujourd’hui, c’est selon les endroits.

    Pourquoi dessinez-vous souvent un oiseau ?
    Il a plus de dix ans ! Plein de gens ne savent pas pourquoi je dessine cet oiseau… Il a une histoire, c’est un poème. Il a des bandes et regarde l’avenir. Dans la vie, il se passe plein de choses, parfois difficiles, on en vit tous. Les bandes, c’est comme si quelqu’un nous avait réparés, nous avait soignés. C’est un oiseau blessé qui a été soigné et il regarde vers le futur. C’est poétique. On a beau prendre des coups, l’important, c’est d’avancer.

    Photo www.artistikkommando.com/

    Avez-vous un musée ?
    [Il rit] Non pas encore ! Non, je ne veux pas en faire un. Par contre, il y a un endroit que j’aime, à une vingtaine de kilomètres d’ici. Une maison abandonnée à Sorgues où je suis beaucoup allée pour peindre. Sur tous les murs, il y a mes dessins, si quelqu’un veut faire un musée ! J’aimerais ouvrir une galerie pour montrer le travail d’autres artistes. Je croise les doigts, peut-être à Avignon, dans les mois prochains. On a une association, Le Cartel, spécialisée dans l’art urbain et l’illustration contemporaine.

    Pourquoi, sur les vidéos, vous portez souvent un maillot de bain et un tutu ?
    Il y a à peu près dix ans, un magazine de graffiti qui avait écrit un long article sur mon travail voulait faire la Une avec moi, et donc une photo de moi pour la couverture. C’est un magazine avec beaucoup de clichés sur le hip-hop. J’ai toujours détesté les étiquettes, dans tout, pour la musique, c’est pareil. Dans le magazine, tous les gars avaient une casquette et les mêmes postures [il mime]. Je voulais un peu me moquer de ça. D’où un déguisement. Ça a beaucoup plu ! J’étais content, cela a provoqué des réactions. Le magazine a reçu plein de messages d’insultes. J’avais envie de provoquer quelque chose… J’ai été interprète de théâtre de rue… Je m’appelle Pablito Zago, et c’est un personnage que j’ai inventé, comme au théâtre. Il porte une combinaison !

    Laquelle de vos œuvres est-elle la plus drôle ?
    Celle dont je suis le plus content est récente. C’est la montgolfière, à Bagneux, en région parisienne. Parce qu’il y a une histoire. J’aime connaître l’histoire de l’endroit où je vais peindre. Derrière cette fresque, il y a un un quartier fortement marqué par l’immigration dans les années 60, un quartier qui va être détruit. J’ai essayé de raconter quelque chose de particulier. La montgolfière est faite de plein de morceaux. En France, les frères Montgolfier ont inventé cet engin. J’avais entendu qu’ils récupéraient beaucoup de tissus dans les hôpitaux, qu’ils assemblaient. Je me suis dit : que tous les gens qui habitent ce quartier apportent un bout de tissu pour constituer cette montgolfière. Elle est composée de tissus marocains, algériens, africains, des îles…

    Photo Pablito Zago

    Est- ce que vous donnez des cours de street-art ?
    Non, mais j’anime des ateliers. Ou je peux monter des projets avec des jeunes. [Il nous montre un carnet de croquis.] Des dessins, j’en ai plein ! Ça, c’est une affiche qui va sortir la semaine prochaine, ça des dessins sur des murs. Oui, cela m’aide de dessiner sur papier, cela me permet de voir si la composition de l’image est bonne.

    Combien de temps cela prend ?
    Sur papier, au crayon gris, une heure. Sur un mur, cela dépend de la taille du dessin ! Imaginez, un immeuble de 30m ! Au début j’avais peur… J’ai passé un permis pour conduire des nacelles avec bras télescopique.

    Combien avez-vous réalisé d’œuvres?
    A Avignon, il n’y en a pas beaucoup. Cela a été une chance, de ne pas travailler dans la ville où j’habite. Cela m’a obligé à aller ailleurs. Pour moi, il y a deux choses importantes dans la vie : avoir à manger pour moi et ma fille et pouvoir partir en voyage.

    Vos parents sont-ils artistes?
    Non, il n’y a pas trop d’artistes dans ma famille. Mon père travaillait dans une usine. Ma mère vient d’une famille d’agriculteurs. Mais mon frère est guitariste. Ils étaient pas contents au début, mes parents. Ils ont eu peur. Ils ont été contents lorsqu’ils ont vu qu’on gagnait de l’argent avec notre métier. Maintenant, mon père est fier.

    Y a -t-il du street art chez vous?
    Non pas du tout ! J’ai des tableaux d’autres personnes, que j’achète à des amis. Je n’ai pas non plus de tatouage car je ne pourrais pas voir le même dessin en permanence, cela m’ennuierait.

    Quels artistes vous ont inspiré ? Quels sont les artistes que vous aimez ?
    Ernest Pignon Ernest, j’aime beaucoup ses œuvres et le fait qu’il n’ai jamais dit “je fais ceci ou cela”. C’est un très grand artiste qui a fait des trucs dans la rue. Hervé Di Rosa est l’un de mes artistes préférés. J’apprécie aussi Hopare, il est très bon en graffiti, Aryz (il vient de la BD, fait du mural), El Mar (un artiste mexicain, il dessine des visages réalistes, c’est magnifique…), et Blu, un Italien qui fait des choses qui ont du sens. Il critique le système, c’est très intéressant. Il a aussi fait des films.

    Pourquoi avez-vous choisi ce pseudonyme ?
    Pablito Zago est né d’une blague, quand j’étais jeune. Mon vrai nom, c’est Diago. Quand j’étais petit et que j’ai commencé à fumer des cigarettes, le propriétaire du bar où je les achetais s’appelait Zago. Moi, j’étais tout maigre, lui c’était un rugbyman professionnel. Pour se moquer de moi, un copain m’a appelé Zago. Entre Diago et Zago, il y avait juste deux lettres à changer.

    Quels sont vos projets ?
    Ce matin, par exemple, j’étais dans une crèche au pied du mont Ventoux pour éventuellement réaliser une fresque. Dans mon métier, j’ai beaucoup d’appels, mais après beaucoup de projets ne se font pas. Un hôtel en Italie m’a appelé, où chaque chambre est faite par un artiste différent.
    Je crois pas en Dieu mais crois en une sorte de philosophie : je suis ouvert, chacun croit ce qu’il veut. Une église m’a commandé des tableaux qu’on trouve dans les églises, comme un chemin de croix. J’ai un peu peur, la pression. J’ai jamais fait de l'”art divin”, de l’art religieux. Par ailleurs, des gens me commandent des illustrations. Je vais finir mon carnet de voyage sur Arles.
    J’espère aller en Mauritanie. J’ai aidé une ONG de médecins et dentistes qui soignent gratuitement en Mauritanie. Dans un camion, ils ont leur salle d’opération. J’avais fait un tableau qui a été vendu aux enchère pour eux.
    Autre projet, à Avignon, au lycée Saint-Joseph où j’ai fait mes études histoire de l’art. J’ai revu un copain de l’époque, devenu professeur d’arts plastiques. Il m’a dit : “On voudrait une fresque dans le couloir. Et on aimerait vous commander des toiles pour l’église Saint-Joseph.” Cela fait une boucle dans mon histoire.

    Photo souvenir après deux heures d’échanges entre les collégiens et Pablito Zago.

  • 8 décembre 2019
    Immersion dans les techniques journalistiques.


    C’est reparti pour un atelier mensuel animé par Constance, journaliste intervenante pour L’Antre Lieux, auprès des collégiens allophones du collège Roumanille. Ils et elles s’appellent Hajine, Houssam, Qayum, Salma, Muskan, Lorena, Sawera, Mariam, Erona, Mohamed, Dikra, Houda, Aimen, Sirin et Zaid. Ils sont arrivés il y a peu d’Espagne, d’Italie, du Maroc, d’Irak, du Pakistan, de Palestine, d’Afghanistan, du Kosovo. Et chaque lundi, ce groupe du CLAS (contrat local d’accompagnement à la scolarité) sont accueillis par Chloé et Amin à l’espace social et culturel de la Croix des Oiseaux pour découvrir leur nouvelle ville et la culture française.

    Nous avons commencé par aborder la règle des 5 W. Who ? What ? Where ? When ? Why ? (Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Pourquoi) sont les cinq questions auxquelles un article de presse (tout comme un reportage radio ou audiovisuel) doit impérativement répondre. Les élèves ont ensuite identifié les réponses à ces cinq questions à partir d’articles parus dans les journaux locaux sur les sorties culturelles du groupe de l’an dernier. Avec succès !

    Par groupe de deux ou trois élèves, à la recherche des cinq W.

    Puis, nous avons effectué des recherches internet sur le street artiste avignonnais Pablito Zago afin de préparer son interview. Le street art est en effet une des thématiques abordées en ce premier trimestre. Et chacun a apporté son regard en trouvant des questions. La rencontre avec l’artiste promet d’être riche. Voici la liste de questions que nous allons poser à Pablito Zago.

    Liste des questions préparées par le groupe pour l’interview de Pablito Zago

    I. Son parcours
    – Quand avez-vous commencé à dessiner ?
    Depuis quand faites-vous du street-art ?
    – De quelle origine êtes-vous ? Quel âge avez-vous ? Quelles langues parlez-vous ? Quel est votre vrai nom ? Et pourquoi avez-vous choisi ce pseudonyme ?
    – Avez-vous étudié pour devenir street-artiste ? Pourquoi avoir choisi le street-art ?
    – Est-ce que vous êtes heureux de votre parcours ? A-t-il été semé d’embûches ?
    – Est-ce que d’autres personnes de votre famille dessinent également ?


    II. Son œuvre
    – Combien de temps mettez-vous pour réaliser un dessin ? Notamment ceux réalisés sur des immenses surfaces ? Quelles sont les étapes préparatoires ?
    – Combien de vos œuvres ornent des rues et bâtiments, en France et à l’étranger ?
    – Quels techniques et matériel/matériaux utilisez-vous ?
    – Faut-il des autorisations pour peindre dans la rue, sur les immeubles, sur les murs ?
    – Dans combien de pays avez-vous travaillé ?
    – Travaillez-vous seul ?
    – Vous êtes également graphiste et illustrateur, pour qui travaillez-vous ?
    – Quels artistes vous ont inspiré ? Quels sont les artistes que vous aimez ?
    – D’où vient votre inspiration ?
    – Avez-vous un musée ?
    – Est-ce que vous donnez des cours de street-art ? Est-ce que vous envisagez d’ouvrir une école ? Est-ce que chez vous, il y a beaucoup de street-art ?
    – Cette palette que vous vendez, à quoi correspond-elle ?
    – Pourquoi représentez-vous souvent un oiseau dans vos dessins ?
    – Pourquoi, sur les vidéos, vous portez souvent un maillot de bain et un tutu ?
    – Laquelle de vos œuvres est la plus drôle ?
    – Votre grand-père s’appelle-t-il Pablito Picasso ?

  • 30 mai 2019

    Dans le cadre du Printemps des poètes, nous avons accueilli Liliane Giraudon, une poète marseillaise.
    « C’est quoi un poème ? », nous a-t-elle demandé. Elle a évoqué des grands poètes du monde entier, l’Espagnol Federico García Lorca, le Palestinien Mahmoud Darwich, « connu dans tout le monde arabe », le Marocain Abdellatif Laâbi…
    «N’oubliez jamais votre langue maternelle, c’est un trésor. Les poètes sont importants.C’est la mémoire des anciens, la mémoire de la langue, comme un bijou. Oui, apprenez vite, le français, mais n’oubliez pas votre langue ! », a insisté Liliane.
    La poésie, ce n’est pas uniquement des rimes ou de la musique.Elle permet de narrer plein de choses, de différentes manières. « En Afrique par exemple, la musique et la poésie sont indissociables. Les griots chantent leurs poèmes. La poésie joue beaucoup sur le lecteur. Chacun en lisant un poème le refait, le comprend à sa manière. »
    Liliane nous a ensuite fait écouter et regarder un cinépoème qu’elle a réalisé à Marseille, avec très peu de moyens. « Cet été-là, il s’est passé quelque chose. Au bord de la mer, il y a une petite plage où viennent les gens des quartiers pauvres. Au-dessus, il y avait les toilettes des riches qui étaient cassés. Les excréments tombaient sur la plage des pauvres qui a été interdite d’accès. Beaucoup se sont révoltés. » C’est le point de départ du poème Si Marseille est un étron. En images, des jeunes gens ont traduit les sons des mots avec le corps, en be-bop, « tous les bruits viennent du corps et de la bouche ». « Cela a été fait sans argent ! Ce poème montre comment un poème peut être lu et joué par chacun, par tout le monde. À partir d’aujourd’hui, vous pouvez écrire ou filmer des poèmes ! », a-t-elle invité.
    Puis, chacun d’entre nous a enregistré ce qui est déjà un poème : mon prénom, mon nom et ce que j’aime, dans ma langue maternelle. Concentration, diction, et petit conseil, face au trac, « il faut apprendre le silence, qui est très important en poésie »

     

    Avec quelques mots, le début d’un poème…

    Dans toutes les langues
    La semaine suivant la venue de Liliane Giraudon, nous avons fait des recherches sur internet. Chacun d’entre nous devait trouver un poème d’un auteur de notre langue maternelle, le lire aux camarades dans sa langue originelle, et raconter en français ce qu’il évoque.Samira a partagé un texte de Pouchkine ; Boubou le poème Le fait d’être Soninke, de Malamine Diabira, Aijine et Dejine un poème contemporain du Kurde Abdulla Pashew qui s’appelle Trésor ; Layla et Amina ont choisi La luna d’Alicia Rivas…
    Les mots ont résonné dans toutes les langues cet après-midi-là.

  • 24 mai 2019

    Nous avons visité les coulisses d’un théâtre où une compagnie préparait un spectacle. C’est une grande maison, au pied du palais des Papes, transformée en théâtre. Au rez-de-chaussée,  l’espace est réservé aux compagnies qui viennent en résidence. Il y a une cuisine, des chambres, les loges et l’accès à la scène. “Ici, c’est un théâtre belge, acheté par l’Etat belge. Des compagnies belges viennent quinze jours en “résidence”, c’est-à-dire travailler sur la création d’un spectacle”, a expliqué Karine Laborde, assistante de production, en charge de l’administration et de la communication, qui nous a accueillis chaleureusement. “Avignon est une ville de théâtre. En juillet, le festival est le plus grand d’Europe, voire un des plus grands du monde, avec 150 théâtres, des gens qui viennent de partout”, nous explique le directeur du théâtre. “Ici nous avons une mission spéciale,  poursuit-il, faire découvrir la scène belge francophone.” 

    A l’étage, l’équipe du théâtre a ses bureaux. Ils sont quatre, le directeur Alain Cofino Gomez, Isabelle Gachet, qui gère  la communication et les publics, Bénédicte Battistella, pour l’administration et la production et Karine Laborde. A l’extérieur, la compagnie Aucune, en provenance de Belgique donc, que nous avons d’abord observé sur le plateau, a joué sa scène d’ouverture pour nous. Elle a choisi de commencer la pièce dehors, alors que les spectateurs ne sont pas encore installés confortablement dans la salle. Son spectacle s’appelle “Pilou Carmin”. La suite de la visite en images. 

     

     

    Amin s’est chargé de filmer la visite. Les semaines suivantes, il nous a aidés à faire le montage de la vidéo.
    Karine Laborde, devant la billetterie du théâtre, s’est chargée de nous faire découvrir la vie du Théâtre des Doms.
    Dans les loges…
    C’est ici dans les loges que les comédiens se préparent juste avant de monter sur scène. S’habiller, se maquiller et aussi prendre un temps pour se concentrer, déstresser.
    Questions-réponses sur le fonctionnement d’un théâtre.
    Chaque membre de l’équipe a expliqué ses fonctions au sein du théâtre.
    Découverte de la plaquette qui présente les spectacles joués tout au long de l’année.
    La compagnie Aucune est basée en Belgique. A Avignon, elle a travaillé pendant quinze jours sur la création de son spectacle.
    Les comédiens de la compagnie Aucune nous ont expliqué leur travail.
    Dans la salle de spectacle, nous avons d’abord observé les comédiens travailler. Puis nous avons pu leur poser des questions.
    La compagnie Aucune commence son spectacle par un chant, à l’extérieur, dans la cour du théâtre des Doms. Avant d’amener le public dans la salle.

    Avant de se dire au revoir, l’équipe de la Voix des Oiseaux, Karine Laborde et les comédiens réunis pour une photo souvenir.

  • 4 février 2019

    Les morts ont eux aussi des sentiments. Une animation réalisée avec la technique du stop-motion.

    Nous sommes allés découvrir les coulisses de la réalisation d’un film d’animation à L’Ardenome.

    Qui ? quoi ? où ? quand ? comment? pourquoi?

    Qui ?
    L’Ecole des nouvelles images. Elle a été créée en 2017 et forme environ 130 étudiants qui apprennent en cinq années d’études les métiers de l’animation et des images de synthèse. “Une école très pointue”, nous a confié la guide. En deux ans, elle s’est déjà fait une réputation, et certains des films d’animation que nous avons vus ont été primés dans des festivals.
    En première année, les élèves travaillent avec du papier.
    En deuxième année, on commence à faire des recherches de couleurs, contrastes, un peu les ombres et les lumières.
    En troisième année, les étudiants doivent faire un dessin animé tout seul. 
    En quatrième année, le travail sur les contrastes, textures, gestes est affiné.

    Quoi ?
    Des films d’animation que des élèves ont réalisés pendant  cinq années.
    Les étapes de création d’un film d’animation : 
    écrire une histoire, conception graphique: photographie méthode ancienne, dessins, le modelage pour le mouvement , l’animation sur l’ordinateur. “Après avoir imaginé un scénario, on le dessine, on fait des esquisses, des BD”, nous a expliqué Céline, notre guide. L’exposition met en avant ces étapes préparatoires : des dessins, des moulages aussi. Il s’agit de créer les personnages, puis travailler sur les textures, les poils, les cheveux… les couleurs, les contrastes. “Une fois qu’on a choisi les décors, on commence à travailler les volumes sur ordinateur.”

    Qui ?
    L’Ecole des nouvelles images. Elle a été créée en 2017 et forme environ 130 étudiants qui apprennent en cinq années d’études les métiers de l’animation et des images de synthèse. “Une école très pointue”, nous a confié la guide. En deux ans, elle s’est déjà fait une réputation, et certains des films d’animation que nous avons vus ont été primés dans des festivals.
    En première année, les élèves travaillent avec du papier.
    En deuxième année, on commence à faire des recherches de couleurs, contrastes, un peu les ombres et les lumières.
    En troisième année, les étudiants doivent faire un dessin animé tout seul. 
    En quatrième année, le travail sur les contrastes, textures, gestes est affiné.

    Où ?
    C’est l’Ardenome, l’ancien Grenier à sel, en centre-ville, qui a accueilli en novembre et décembre une exposition sur le travail des étudiants.

    Comment ?
    Nous avons pris le bus de ville.

    Pourquoi ?
    – Développer la curiosité des élèves.
    – Pour expliquer les étapes et les difficultés pour réaliser un film d’animation.

    Nos impressions
    Samira : “J’ai beaucoup aimé le dernier film “Wild Love” avec les marmottes.”
    Sana : “C’est incroyable que les élèves de l’Ecole des nouvelles images arrivent à créer un film qui a  intéressé tout le monde.”
    Amina : “J’ai préféré le film “Dans les Bois”, les personnages sont devenus amis alors qu’ils ne se connaissent pas.”
    Le groupe a découvert que pour réaliser un film d’animation d’une heure et demi, le travail était colossal et il implique de nombreuses personnes, pendant un, deux voire trois ans… Pour preuve, “regardez le nombre de noms qu’il y a sur un générique de fin”. 

    Des personnages, des décors, que nous avons retrouvés “vivants” dans les courts métrages que nous avons visionnés à la fin de notre visite. L’exposition met en valeur les étapes préparatoires d’un film d’animation.

    La première animation, réalisée uniquement avec seulement du papier !

  • 7 janvier 2019

    Marine, Lilian, Emeline, étudiants en licence information et communication à l’Université d’Avignon, sont bénévoles à Radio Campus. Pourquoi ils aiment faire de la radio, leur rôle, leur passion, ils ont répondu à toutes les questions.

    C’est Olivier Halloua, le président de Radio Campus, qui nous accueille et nous présente Lilian, chroniqueur pour une émission de jeu vidéo, Emeline, animatrice (cheffe d’orchestre !) d’une émission sur le cinéma et les séries, et Marine qui s’active pour le pôle événementiel et rédaction de la radio étudiante. Tous trois ont ensuite répondu à toutes les questions du groupe. “Mettez vos casques. Parlez chacun votre tour pour que Lilian fasse le réglage de chaque micro… Silence, s’il vous plaît… Bonjour, il est 14 h 25, vous écoutez Radio Campus Avignon. Aujourd’hui, on est avec une super équipe”, lance Emeline. La suite avec la super équipe composée d’Amina, Younes, Ahlam, Sana, Samira, Amin, Aya, Manal, Leyla, Ismael, Iglijan, Redian, Chloé, Amin et Constance, à écouter ci-dessous !

    “Cette expérience a été une belle surprise pour nous”, estime Redian. Notamment parce que “c’était une première, de parler dans un micro et d’enregistrer une émission”, complète Leyla. “On a passé un bon temps, résume Ahlam. C’était une belle expérience de la vie !”

    “Le poète est parti, la radio a pris sa place”


    Naguib Mahfouz, écrivain égyptien,
    Prix Nobel de littérature en 1988.

  • 30 novembre 2018

    Qui, quoi, où, quand, pourquoi… les cinq questions auxquelles tout article se doit de répondre. On a testé en préparant une interview pour Radio Campus, où nous nous rendons la semaine prochaine. 


    La semaine prochaine, nous allons visiter le studio d’enregistrement de Radio Campus créée et gérée par des étudiants d’Avignon que nous allons interviewer. Ce lundi 26 novembre, nous avons fait le point sur les différents supports qui transmettent l’information et sur une des bases du journalisme, la méthode dite des “cinq W”. 
    Quand on part sur un reportage (quel que soit le support, presse écrite, télé, radio, web), on se pose au minimulm cinq questions, les cinq W : who, what, when, where, why. En français, ça donne qui, quoi, où, quand, pourquoi, auxquels on peut ajouter comment (par quels moyens, de quelle façon) et combien.  
    Sana a déjà participé à une émission radio en Espagne. Aya et Rediane ont déjà parlé dans un micro, en chant et en théâtre. Etape suivante, réfléchir aux questions que nous souhaitons poser aux animateurs de Radio Campus. La consigne : ne rien s’interdire ! Et rebondir quand les réponses nous inspireront…

    La citation
    « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. » 
    Albert Londres, journaliste et grand voyageur français (1884-1932).

    L’interview en trois thèmes
    – Sur la radio. Depuis combien d’années existe la radio ? Est-ce qu’elle diffuse tout le temps ? Tous les jours ? Toute l’année ? Comment diffusez-vous vos émissions ?
    – Sur les émissions réalisées par les étudiants.  Avec quel matériel enregistrez-vous ? Comment choisissez-vous un sujet ? Combien de temps mettez-vous pour faire un reportage ?  Quelle musique diffusez-vous ? Quel type d’émissions réalisez-vous ? Quelles thématiques abordez-vous ? Pourquoi faites-vous des émissions radio ? Quel est votre objectif ? 
    – Sur les motivations des bénévoles. Pourquoi avez-vous cette passion ? Avez-vous d’autres passions ?  Qu’est-ce qui vous plaît dans la radio ? Pourquoi avez-vous choisi ce travail et pas un autre ? Depuis combien de temps travaillez-vous ici ? Qui vous a guidés pour faire ce travail ? Qu’est-ce que vous aimez dans ce projet ? Quels conseils donneriez-vous à ceux qui aimeraient travailler dans une radio ? Quel diplôme faut-il pour parler à la radio ? Est-ce qu’il faut avoir fait des études ? Et quel âge faut-il avoir ?

  • 3 janvier 2018
     Le jeu est le premier poème de l’existence.
    Jean-Paul Sartre

    C’est parti pour un strike ?

    Début novembre, le souffle du mistral a poussé le groupe à remettre la visite du sommet d’Avignon à un prochain lundi. Vite, une solution de repli et nous voilà réunis pour une sortie au bowling. “Aujourd’hui on travaille pas ?”, lance souriant Mohamed

    Une joie pour tous : pour ceux qui découvraient comme pour celles et ceux qui avaient déjà joué dans leur pays. “En Algérie, j’ai déjà joué”, raconte Aytan. “Moi aussi, en Espagne. C’est trop bon !”, ajoute Mohamed. “C’est un bon jeu”, confirme Aboubakar, pour qui c’était une première.  “Il faut faire tomber les quilles en lançant sur la piste une boule qui est assez lourde mais il faut jouer doucement, pas comme au football”.  Puis “une machine vient chercher les quilles”. Quand toutes les quilles tombent en un coup, on dit que l’on a fait un strike. “C’est facile, j’ai bien aimé”, raconte Fatiha.

    Qui a marqué le plus de points ? Eric a remporté la partie haut la main, grâce à la “triche”, croit savoir Samira. Arrivée de Russie sans savoir jouer aux bowling, après des lancés directement dans la gouttière, elle fera son premier “spare”. La partie se ponctue par des “bien joué”, “t’es nul” ou “super” !, vocabulaire appris en plein jeu grâce à une pancarte.

    Un peu d’histoire

    Le bowling est pratiqué par 100 millions de personnes dans plus de cent pays à travers le monde !  Ce jeu de quilles a connu  de nombreuses variantes depuis des siècles.  Des quilles et des pierres rondes ont même été retrouvées en égypte dans une tombe datant de 3000 ans avant notre ère. Le jeu actuel a été popularisé sous cette forme En Amérique du Nord.

  • 9 novembre 2017

    En ce lundi d’octobre, il s’agit de se présenter les uns les autres, sous la forme d’un entretien enregistré à la manière d’un journaliste.

    Un passage en revue des différentes trajectoires des jeunes arrivés en France il y a peu.

    Les questions
    Comment tu t’appelles ?
    Quel âge as-tu ?
    Quel âge as-tu ?
    D’où viens tu ?
    Quelle est ta passion ?

      

      

      Avignon, à la croisée des chemins de ce groupe d’ados journalistes en herbe. 

  • 31 mai 2017

    Entretien avec Karim Dridi, le réalisateur du film Chouf

    D’Avignon à Marseille, il n’y a qu’une grosse heure en mini-bus. Adel, Reda, Sofiane et Aziz n’ont pas hésité à sauter dans le mini-bus de l’Espace culturel de La Croix des Oiseaux pour interviewer Karim Dridi dans les locaux du Ravi. Le film, sorti au cinéma et en DVD, raconte la réalité des cités. Rencontre avec le réalisateur de 56 ans.

    Adel Benrabah : Pourquoi avoir choisi Chouf comme titre ?

    Karim Dridi : J’aime bien les titres courts ! Et puis chouf, ça veut dire « regarde ». Le titre a donc plusieurs sens. C’est pas juste « chouf les keufs ». C’est aussi « chouf regarde dans nos quartiers, ce qui s’y passe, la réalité, la mort, les jeunes se tuant entre eux ». Il n’y aurait que les noirs et les Arabes qui se droguent dans les cités ? En fait les blancs, les bourgeois, les Gaulois, les tout-ce-que-tu-veux, les Front national viennent y acheter leur drogue. Et après on stigmatise les quartiers : « regardez ces délinquants ! ». C’est trop facile ! On a tout fait pour que cette situation arrive en délaissant ces quartiers. Je n’ai pas dit que la solution c’est de tomber dans la drogue… Mais dans Chouf, avec le personnage de Marteau, on voit bien que c’est lui qui paye, avec l’argent du shit, l’électricité pour la maison, la cantine pour les enfants. Et ça, ils le savent les hommes politiques : à chaque fois qu’il y a une intervention policière bloquant le trafic dans une cité, le mois suivant, 40 % des loyers sont impayés. Malheureusement l’économie souterraine aide les gens. Quand ton mari n’est pas là, que le frigo est vide, que le loyer est impayé, si ton fils te donne 100 € qu’il a pris du chouf, il faut avoir la force de refuser ! Mais ce n’est pas la faute de cette maman acceptant cet argent sale. Depuis quand, comment et pourquoi ces quartiers existent ? Chouf, c’est aussi un film avec des gangsters, des Kalach’… Des ingrédients qui plaisent aux jeunes tout en les incitant à réfléchir avant tout.

    Sofiane Hmimek : Que répondez-vous à Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, qui a déclaré sur France Inter que vous donnez une mauvaise image de la ville ?

    K. D. : C’est bête, stupide, tellement inculte. D’abord, il m’a fait de la pub, donc merci. Et puis qui donne une mauvaise image ? Vous êtes des jeunes de quartier, vous savez très bien que c’est la réalité. Donc il ne peut pas dire que ça donne une mauvaise image puisque cette réalité existe. Simplement il ne veut pas la voir. Les idées que monsieur Gaudin diffuse sont juste antidémocratiques. Il parle d’égalité des chances entre les jeunes. Mais on sait que ce n’est pas vrai que nous sommes tous égaux. Y’a 25 % de chance en moins pour un jeune avec un nom à consonance maghrébine de trouver un boulot. La réalité, – et je ne veux pas te foutre le moral à zéro – c’est que pour réussir dans ce pays, c’est super dur. Même si tu veux avoir un petit boulot, rien que ça. Les jeunes que j’ai rencontré, qui font chouf au quartier, ils ne veulent pas vivre de la drogue, ils ont envie d’être tranquilles, juste d’avoir un petit salaire. D’avoir un travail égal à n’importe quel français.

    Adel Benrabah : Vous pensez que la situation peut changer ?

    K. D. : Si on ne fait rien, si jamais tu laisses tomber, ça ne changera pas. C’est difficile, mais si il n’y a pas de résistance, pas de luttes, c’est perdu d’avance. Pas de lutte armée attention ! Les pouvoirs publics n’attendent que ça. Ils s’exercent à la guérilla urbaine dans des camps d’entraînement calqués sur les quartiers. En parlant de camps, il y a en a déjà eu en France et pas uniquement pour enfermer les juifs (ndlr : 17 octobre 1961, les « centres d’identifications », organisés par le préfet Maurice Papon pour les Français Musulmans d’Algérie au Palais des sports et au Stade Pierre-de-Coubertin à Paris). En octobre 1961, l’Etat a réprimé une manifestation pacifiste en jetant des arabes dans la Seine, il y a eu des morts. Donc il faut connaître l’Histoire. Plus on sera nombreux, plus on sera fort. Nombreux et éduqués. Quand tu sais un minimum lire, écrire, réfléchir, tu peux mieux te battre. Tu as besoin d’être instruit pour te battre, pour comprendre des choses et qu’ils arrêtent de nous prendre pour des imbéciles.

    Réda Laaroussi : Quelle réaction vous avez eu en apprenant qu’on voulait vous interviewer ?
    K. D. : C’est bien votre initiative. C’est citoyen, vous ne vous rendez même pas compte que vous faites de la politique. La politique, c’est pas grave : c’est juste se rencontrer, faire passer la parole.

    Sofiane Hmimek : Est ce que vous comptez faire une suite de Chouf ?
    Karim Dridi :
    Ça ne m’intéresse pas de faire Chouf 2 même si le film a eu un très gros succès. Mais ça m’a donné envie de faire une série où on verrait quel est le lien entre les politiques et les quartiers. Comment les jeunes des quartiers, mais pas seulement, essayent de survivre ? Parler des Arabes ou des Africains, mais aussi parler des Gaulois des quartiers riches et des Français d’origine qui sont pauvres. Cette série serait tournée dans toute la France, et même en Afrique, en Amérique, en passant par la Corse. Mais Marseille y sera très présent.

    Adel Benrabah : Vous avez pensé Chouf pour qu’il s’adresse à toutes les communautés, à tous les publics ?

    Karim Dridi : Bien sur, il n’y a pas que les gens des quartiers, issus de l’Afrique, qui ont aimé Chouf. D’ailleurs tous ne l’ont pas aimé ! Certains pensaient que le film donnait une mauvaise image de la communauté. Mais il ne faut pas avoir peur de donner une mauvaise image, il faut déjà donner une image ! Sans image et sans son, il n’y a rien. Plein de films sont possibles, avec pleins de jeunes acteurs. Il devrait y avoir vingt films comme ça. Il y a eu Divine, un film avec des nanas (2016, Houda Benyamina). Ben sûr, c’est plus facile de faire Chouf pour moi, parce que je comprends certaines choses, je sais d’où viennent les jeunes. Mais ce n’est pas obligé d’être un Karim pour tourner Chouf. On peut s’appeler Marc-Antoine !

    Entretien publié dans le journal le Ravi du mois d’avril 2017

    www.leravi.org

  • 31 mai 2017

    Entretien avec Karim Dridi, réalisateur du film Chouf

    Adel, Reda, Sofiane et Aziz ont fait une p’tite descente à Marseille pour interroger Karim Dridi, le réalisateur du Film Chouf et s’enfiler un petit tacos-merguez sur la Cannebière. On vous montrera que l’entretien.

  • 15 mai 2017

    Avec Anne, Carla, Houria et Isabelle, nous avons visité l’Université d’Avignon. Elle  a été fondée en 1303. Elle a donc plus de sept siècles. Elle accueille aujourd’hui entre 7000 et 8000 étudiants. Droit, économie, gestion, information et communication, arts, lettres et langues, sciences, technologies et santé sont quelques-unes des filières proposées. Quand on va à l’université, on est grand, on est majeur, c’est-à-dire qu’on a plus de 18 ans. On y va après le collège et le lycée.

    Là, nous sommes devant l’une des deux entrées de l’Université. Il y a une autre entrée de l’autre côté. Il manque Mohamed sur cette photo.

    Avant d’attaquer la visite, Madame Carla nous donne des consignes. Et notamment de parler doucement, puisque les étudiants travaillent.

    Sur le bâtiment, il y a une marque qui montre jusqu’où le Rhône a débordé, lors de crues.

    Nous voilà dans le hall de l’ancien bâtiment. Il y a un immense escalier et  l’accueil où l’on peut demander des informations et renseignements.
    Sur la porte d’entrée, était inscrit Bienvenue, en plusieurs langues : en français, en anglais et  en arabe.

    Nous sommes ensuite allés dans le bâtiment plus moderne où nous avons découvert une immense salle de cours qui est appelé un amphithéâtre. Dans celui-ci, il y a la place pour 216 étudiants. Et ce sont des cours de droit qui y ont lieu. L’enseignant est sur une estrade et parle dans un micro.

    C’est l’entrée de la bibliothèque

    La bibliothèque universitaire est impressionnante ! C’est très très grand. Elle est sur deux étages. Dès fois, il y a deux livres identiques, plusieurs exemplaires du même ouvrage, pour que des étudiants puissent étudier le même livre, en même temps. Il y a une étiquette sur chaque livre. Et les livres sont rangés par ordre alphabétique et par thématiques. Par exemple, comme matière, nous avons repéré Technologie, Histoire, Géographie, Bandes dessinées, Français. Et la religion, ce qui a étonné certains d’entre nous !

    On a aussi regardé la salle où il y a une photocopieuse. Il faut avoir une carte pour l’utiliser. Et à côté, il y a des salles où l’on peut travailler en groupe.

    Dans la bibliothèque, il y avait aussi une exposition avec des marionnettes que Mohamed et Anne ont filmée.

    Après, on a rencontré des étudiants, trois garçons et une fille, à qui nous avons posé des questions. Ils avaient entre 20 et 23 ans.

    On a fini notre tour par la cafétéria où on a bu un soda. Il y avait un piano, et Driss a joué La lettre à Elise.

    Derrière, il y avait une immense salle, c’était la cantine appelée restaurant universitaire.

    Il était déjà 16h30 et on a loupé le bus. Il était en avance, il nous est passé sous les yeux !

  • 29 mars 2017
    L’équipe de la Croix des Oiseaux savait depuis un certain temps que quelqu’un d’important devait venir à l’espace social et culturel. Mais ce n’est qu’un jeudi qu’il leur a été annoncé que le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports Patrick Kanner viendrait inaugurer la Fabrique d’initiatives citoyennes le lundi suivant.
    Branle-bas de combat, pour Carla Dussaux et ses collègues ! Récit.

     

     

    “C’était en pleines vacances scolaires. J’ai pu contacter Maria par Facebook et Oumaima [qui font partie de l’atelier média du lundi] par téléphone leur demandant (sans leur expliquer pourquoi) si elles pouvaient venir ce jour-là. Le jour J, on avait tout débarrassé dans le centre. Dans le hall, il n’y avait que des affiches sur le media lab, les Arts au coin de ma rue et les jardins partagés. Quand Maria et Oumaima sont arrivées, elles n’ont pas reconnu les lieux ! Je leur ai alors annoncé que nous devions présenter notre journal à un ministre. Maria s’est décomposée. Elle a très bien compris : “Il y a le président, le Premier ministre puis les ministres…” Oumaima a dit : “Non, non, ce n’est pas vrai…” J’avais préparé un texte pour expliquer ce qu’on faisait. Avec Houria, on a fait répéter les deux filles pendant une demi-heure. Je me suis mise dans la peau de Patrick Kanner. “Comment tu t’appelles? D’où viens-tu?”…
    L’attente, avant son arrivée, a été le moment le plus stressant. Patrick Kanner est finalement arrivé en avance. Dans la grande salle, il y avait les femmes qui allaient présenter leur journal d’un côté, les ados avec leur caméra pour filmer l’événement, et nous dans un coin à côté d’une caméra. Et notre reportage sur le cirque imprimé en A3. Et, surprise, l’ordre a été inversé, après avoir discuté deux minutes avec une fille ayant fait un rapport sur le sport dans le quartier pour la DDCS(*), il est venu directement vers nous quatre. J’ai lu mon texte, lui précisant que j’avais préféré écrire de peur de perdre mes mots. Puis il a posé des questions à Maria et Oumaima. Quand Maria lui a dit qu’elle venait du Brésil, il a tout de suite rebondi: il avait l’air de bien connaître ce pays. Puis il a félicité les filles leur disant qu’elles parlaient bien français. Il est parti vers les femmes de la Croisette (journal du quartier), est revenu vers moi et Houria pour nous féliciter: “C’est vraiment formidable ce que vous faites.” Cela fait du bien d’être reconnues d’aussi haut. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu d’officiels. J’étais super fière pour Houria, pour moi, pour les filles qui étaient très heureuses. J’étais tellement contente. Ce sont des publics si souvent stigmatisés… Là, nous avons été reconnus. Ces enfants se donnent tant de mal…
    Puis le ministre s’est dirigé vers les autres groupes. Les ados étaient super à l’aise. Là, je me suis empressée d’aller parler au monsieur attaché au protocole, que j’avais repéré, pour lui demander si nous pouvions faire une photo avec Patrick Kanner. On a une super photo!”

    (*) Direction départementale de la cohésion sociale.
  • 20 février 2017

    Premier reportage pour le groupe du lundi.
    Elles s’appellent Iqra, Maria, Oumaima, Esmeralda, Souhaïla. Ils se prénomment Adam, Mohamed, Aurel, Ahmed, Idriss, Redouane,   Maahi. Ils ont entre 12 et 16 ans et sont arrivés en France depuis quelques mois de Grèce, d’Espagne, du Maroc, du Brésil, du Bangladesh et découvrent un pays, une langue. Voici leur premier reportage, leur premier texte.

     

     

    Quelle surprise ce jour-là ! Des dromadaires et un cheval paissent tranquillement à côté du centre social de la Croix des Oiseaux. Voilà tout trouvé le sujet de notre premier reportage : les animaux du cirque !

     

    Lundi 16 janvier 2017 après-midi, nous avons fait notre premier reportage. Nous avons visité le cirque Flavio Roncalli. Intrigué par ces animaux, on a commencé par aller les voir de plus près.
    On était responsable pour faire des photos. Les animaux  étaient devant les bâtiments de la Croix des Oiseaux, sur des pelouses. Ils sont là depuis le vendredi 13 janvier et sont repartis le mercredi 18 janvier 2017.

    Qu’avons-nous trouvé comme animaux ? Des chevaux, des lamas, des poneys, des chèvres, des pythons (une espèce de serpent). On a questionné le directeur pour savoir ce qu’ils mangeaient : ils sont herbivores et se nourrissent de foin, de légumes, de graines.

     

     

    Idriss, notre photoreporter multilingue ! Il a pris le cheval en photo sous toutes ses coutures !

     

     

    Le cirque est là pour faire des spectacles, des numéros avec les animaux, et d’autres de clowns, de magie. Il y a aussi des équilibristes et des jongleurs. Les circassiens habitent dans une caravane à côté du chapiteau. Il y a aussi un grand camion à côté. Le chapiteau est moyen grand. “C’est un petit cirque”, confirmera Mickaël Renold,  le directeur.

     

     

    Il nous a aussi expliqué que sa famille travaillait  dans le cirque depuis sept générations.

    Les représentations ont eu lieu mardi 17 et mercredi 18 et voici les tarifs :  5 euros pour les enfants et 10 euros pour les adultes.

     Adam-Aurel-Esmeralda-Idriss-Iqra-Hamed-Maahi-Maria-Mohamed-Omayma-Redouane-Souhaïla