Manifeste
« J’habite un monde où les choses qui arrivent souvent me dépassent, je ne parviens pas à les comprendre, à les analyser. L’écriture, le dessin et peut-être plus précisément l’écriture du poème sont alors des réponses ponctuelles, des « pratiques » opposées à cette perception engloutissante… un acte incertain et tranchant et aussi une manière. Manière de faire la lumière, d’éclaircir, d’organiser… Tenter de le faire. Une sorte de vision nette les yeux fermés… En être réduite à tisser une étoffe alors que tu es devant un métier dont tu ne vois pas les fils, à peine les couleurs mais tu tisses il faut tisser. Peut-être une rage de parler, liée à une rage de l’exactitude… Sans savoir où on va, où il faut aller… Travailler sur le langage c’est travailler sur un bien commun… ». Liliane Giraudon
La poésie n’est pas déconnectée de nos réalités quotidiennes, elle participe de plain-pied à formuler le monde. C’est un fondement de civilisation. L’Antre Lieux travaille à mettre en relation artistes, œuvres, secteur socio-culturel et publics avec l’alphabet de la poésie décliné sous toutes ses formes.
De ce fait, l’association est actrice de la cité par le biais de projets et de thématiques qu’elle décline. Elle donne des cadres aux intervenants au fil de ses initiatives sans s’immiscer dans l’esthétique et la pluralité des genres. L’association s’implique dans de nouvelles formes de créations partagées, invitant chacun à se frayer un chemin dans ce qu’il porte de plus intime et qui le relie à l’autre.
L’Antre Lieux n’a pas vocation à s’implanter en un lieu unique. Ses champs d’intervention ne connaissent pas de frontières. A la sédentarité l’association préfère le nomadisme. La structure convie les artistes à créer et à ancrer leurs œuvres au sein d’espaces pluriels, là où la création n’est pas forcément attendue. Les rencontres sont souvent des promesses d’aventures. La structure provoque événements et rencontres qui aspirent à rapprocher les hommes quelles que soient leurs origines, sans chercher à gommer leurs différences.
D’autre part, L’Antre Lieux convoque notamment des acteurs se confrontant à des séparations symboliques (classes sociales, origines culturelles, histoire de vie…) ou réelles (lieux de relégation sociale, lieux de précarité…). Les zones de transition (écoles, rivages…) attisent tout particulièrement son intérêt. C’est pourquoi l’association propose de décliner la thématique des frontières au sein de plusieurs réalisations distinctes.
Par sa structure même, l’Antre Lieux a pleinement pour objectifs de diffuser la création contemporaine et l’expérimentation poétique en s’appuyant sur les talents émergents. Elle privilégie donc les productions qui tendent à faire sortir la poésie du livre et qui se confrontent à l’oralité. Il ne s’agit pas de tourner le dos aux poètes des générations précédentes, – ils nous ont accompagnés ! – mais d’être attentif à ce qui jaillit. Trop souvent, la poésie a eu tendance à s’enfermer dans un champ hermétique, purement formel se coupant progressivement du monde. Sans céder un pouce à l’exigence, il parait essentiel d’accompagner l’extension du domaine poétique, de le relier à d’autres supports (installations, musique, image, danse…) et de multiplier les rencontres.
L’Antre Lieux tend également à rapprocher ceux que l’on dit initiés et d’autres publics souvent exclus du champ de la création par le biais d’expériences communes. L’association adhère à la formule de Vitez lorsqu’il parle « d’élitisme pour tous ». Plus qu’une expérience esthétique, l’espace poétique pourrait s’incarner au sein d’expérimentations sociales et s’inscrire concrètement dans le champ des apprentissages en privilégiant les rencontres directes avec les poètes et des artistes qui participent à la création de la poésie.
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Frontières
« Nous fréquentons les frontières, non pas comme signes et facteurs de l’impossible, mais comme lieux du passage et de la transformation. Dans la Relation, l’influence mutuelle des identités, individuelles et collectives, requiert une autonomie réelle de chacune de ces identités. La Relation n’est pas confusion ou dilution. Je peux changer en échangeant avec l’autre, sans me perdre pourtant ni me dénaturer. C’est pourquoi nous avons besoin des frontières, non plus pour nous arrêter, mais pour exercer ce libre passage du même à l’autre, pour souligner la merveille de l’ici-là.» Edouard Glissant
• Objet :
Ce projet souhaite interroger la notion de frontière à la fois perçue comme lieu structurant et comme lieu d’enfermement. L’association met en perspective ce paradoxe.
• Où ?
Implantée à Avignon l’association se propose de partir des lieux où elle se trouve. La frontière entre « intra » et « extra » muros incarnant justement cette séparation entre ceux qui vivent « dedans » et ceux qui vivent « dehors ». Cette orientation participe à la création de nouveaux liens entre ces deux entités. Il tente ainsi de dessiner de nouveaux chemins, un territoire de partage. Frontières interroge ce processus à partir de son environnement dans un premier temps, et élargit ensuite son horizon à une échelle plus vaste, sans pour autant perdre de vue son territoire d’origine. Il s’agit en somme de faire dialoguer l’ici et l’ailleurs, mettre en corrélation le proche et le lointain.
• Comment ?
Parce que la poésie énonce le monde en tant qu’acte fondateur et qu’elle participe de plain pied à l’élaboration des civilisations, cette dernière sert alors d’alphabet à ce projet. Elle forme un espace de dialogue et d’expérimentation matérialisé par des rencontres, des ateliers, des créations communes. Il est bien entendu que la poésie ne s’arrête pas au cadre de la page, au contraire, elle déborde en permanence dans les moyens qu’elle utilise (expression du geste, vidéo, théâtre, arts plastiques).
• Avec qui ?
Ce projet propose d’associer plusieurs groupes de part et d’autre des territoires. Plus particulièrement dans des lieux qui se situent dans des frontières symboliques (classes sociales, origines culturelles, histoire de vie) ou réelles (lieux de relégation sociale, lieux de précarité…) mais également lieux de transition (écoles, rivages). Il s’agit de mettre en œuvre une réflexion et des créations entre ceux qui sont perçus comme « initiés » ou « professionnels » – poètes, plasticiens, artistes, philosophes, professeurs… et jeunes, élèves, détenus – considérés ici comme acteurs de leur vie à part entière.
L’équipe
• L’Antre Lieux
Association loi 1901 née le 25 novembre 2014 à Avignon, France.
• Objet social : création, production, vente et diffusion d’événements culturels et d’objets artistiques en France et à l’étranger en lien avec la poésie sous toutes ses formes. Vingt-deux membres fondateurs issus du secteur culturel, éducatif et social.
• Bureau
Présidente : Meredith Broadbent Gibson, professeur d’anglais
Trésorier : Nicolas Descaves, formateur consultant
Secrétaire : Isabelle Mathieu, doctorante en Sciences de l’éducation
• Conseil d’administration
Joël Lokossou, comédien
Catherine Gourvennec, aide-soignante
Anne Vuagnoux – Direction artistique
Vidéaste et journaliste (Taktik, Libération, Le Pavé, Charlie Hebdo…), Anne Vuagnoux a été co-fondatrice de l’Agence Ka, structure de production audiovisuelle. Elle a collaboré avec de nombreuses structures culturelles (Théâtre de la Mer, Rencontres de Pop Philosophie, festival Préavis de Désordre Urbain…). Elle a été chargée de projets au Centre Européen de Poésie d’Avignon. Quelques films réalisés : Demande à la nuit (8’49), ciné-poème, production AARR et ID Phare, sélectionné au festival de ciné-poèmes de Bezons en 2014 ; Appels d’Aires (30’) production CCM/Théâtre de la Mer ; L’Antre Lieu, partie 1, Le barbare (23’) ciné-poème, production L’Antre Lieux, 2014 ; Le hameau du phare, ce lieu qui éclaire, (20’), documentaire, 2009 ; Marché captif (52’) documentaire en co-réalisation avec Bernard Cauvin, production Agence Ka, 2000, diffusion France 5.
Sophie Delvallée – Responsable de production
Après 10 ans en Tchéquie, Portugal, Maroc et Pays-Bas, Sophie Delvallée revient en Franceet continue à travailler comme scripte et autrice. Elle intègre des collectifs d’artistes du 9-3(act&vista, art dans le jardin, le 6b…), et y réalise des interventions en milieu social et sur l’espace public ainsi que des films de fiction et documentaires de création. Elle réalise aussi des films pour des artistes contemporains tels que Fatiha Zemmouri, Patrick Chauvin,Trixi Weis, Xavier Charles/trio atmosphérique. Revenue vivre à Avignon, sa ville natale, elle travaille avec L’Antre Lieux depuis 2022 avec le projet en accueil de jour pour SDF, Dedans Dehors à Orange. Elle est également productrice au sein de la société Les Films d’une nuit d’été.
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