Voilà bientôt trois ans que l’Antre Lieux est devenu à sa manière archéologue de la mémoire des quartiers de la cité des Papes. Pour accomplir cet objectif, l’association est partie à la rencontre des visages, connus ou non, qui en composent la richesse. Exposition, ciné-poèmes, livret, ateliers ont jalonné cette itinérance à travers différents territoires.
Depuis décembre 2018, l’association l’Antre Lieux a initié un certain nombre d’ateliers en compagnie des habitants des quartiers de Saint-Chamand et de la Rocade.
Ces derniers ont pris plusieurs formes, et ce, dans des disciplines à la fois différentes et complémentaires : photographie en compagnie de Sabrina Martinez, textes avec le poète Nicolas Rochette, vidéo avec la complicité d’Anne Vuagnoux. Ainsi les trois artistes ont pu recueillir les traces de l’histoire de ces quartiers qui donnent à voir et à entendre des parcelles de témoignages toujours restitués de manière non linéaire, ce qui constitue l’ADN de l’Antre Lieux : la poésie dans le champ ouvert de l’imaginaire et du devenir. Un quatrième protagoniste, Karel Pairemaure, créateur de médias dynamiques, vient de rejoindre les trois autres dans la mise en forme de la restitution de l’ensemble de ce travail.
Car, il s’agit désormais de rassembler ces parcelles d’histoire, de les faire exister au-delà des consciences qui les ont dévoilées et d’offrir l’intimité du souvenir en partage sans pour autant l’enfermer ou le contraindre. Quel autre dispositif que celui du miroir pourrait-il être le plus approprié ? Le miroir est avant tout affaire de passage. Si l’on plagiait Cocteau et son mythique Orphée, il deviendrait la vestale de la porte du temps. Outil de projection par excellence, selon où on le place, il restitue un réel qui n’a aucune vocation de tautologie, il n’offre qu’une parcelle d’une vérité en forme de kaléidoscope à mesure que se déploie la ligne de Chronos ainsi égrenée.
Ainsi diverses couches d’images et de sons ponctuées par des bribes de textes offrent au regardeur toute l’étendue possible des histoires qui cheminent dans les consciences de ceux qui vivent le réel dans un présent en perpétuel devenir. N’en doutons pas : la physique quantique est partie intégrante de la poésie…